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Franck Cammas vainqueur de la Brest Atlantiques !

04/12/2019

Franck Cammas et Charles Caudrelier ont remporté le mercredi 4 décembre la première édition de la "Brest Atantiques" à bord du Maxi Edmond de Rothschild.

Le duo a pris la mer le 5 novembre aux côtés des 3 autres Ultimes (Actual Leader de Yves Le Blevec, MACIF de François Gabart et Sodebo Ultim 3 de Thomas Coville) pour un parcours de 14 000 miles nautiques soit Brest > Rio de Janeiro > Cape Town > Brest !

À l'issue de cette immense aventure, Franck et Charles sortent vainqueurs de la 1ère Brest Atlantiques en bouclant le parcours en 28 jours, 23 heures, 24 minutes et 46 secondes.

 

Ils témoignent au micro de Ouest-France : 

Franck, Charles, quel est le sentiment qui prédomine après cette victoire ?

Franck Cammas : C’est toujours un peu l’euphorie quand on arrive d’une course comme ça, pas facile, de par le parcours et la concurrence relevée au départ. La gagner de belle manière, forcément, c’est l’objectif de l’année, on est super content. On surfe sur ce sentiment et cette émotion avant d’attaquer les échéances suivantes.

La fin de course a été plutôt tranquille pour vous avec votre avance…

F. C. : On a toujours été à fond dans le sens où on avait l’impression qu’en gagnant des heures et en continuant d’aller vite, on pouvait toujours attraper un système météo qui était plus favorable. Non seulement en allant vite on gardait l’écart, mais en plus on le creusait, ce qui n’était pas le cas avant Cape Town. Avant ça ne servait à rien d’être devant. À chaque fois, on était bloqué par le système météo et les autres revenaient donc on devait cravacher deux fois pour juste ne pas perdre (rires). À partir de Cape Town, la donne a changé. L’apothéose, ça a été à la fin où l’on a pris un front que les autres n’ont pas pris. C’est pour ça qu’ils sont à deux jours derrière mais en théorie ils auraient dû être à 300 ou 400 milles s’ils avaient eu les mêmes conditions. À un moment, être devant ça a payé.

Ce sont des choix stratégiques qui ont été payants pour vous.

F. C. : Ce sont plusieurs choix stratégiques, évidemment. On a eu plein de petits passages qui ont été bien négociés, notamment le Pot au noir à l’aller et au retour. C’est surtout notre routeur qui a fait un super boulot à ce moment-là avec une très bonne analyse des images satellites. On parle beaucoup de la vitesse du bateau mais ça ne s’est pas joué que là-dessus.

Voir que le bateau a tenu pour cette première grande course, c’est rassurant ?

F. C. : Oui. Il faut mettre les bateaux en situation de stress technique structurel à travers des courses où il est mené à fond, avec de la concurrence et des mers difficiles, contrairement à l’entraînement où on lève le pied inconsciemment. Il faut passer par là et des casses pour que le bateau se fiabilise. Ce n’est pas en restant au port qu’on va le fiabiliser. Là on finit la course, on n’est pas à 100 % de maîtrise et j’espère que la prochaine fois on sera à 85 % au lieu de 80 %. On sait que l’on va casser. Si on ne casse pas, c’est qu’à un moment on n’a pas fait assez d’évolution et qu’on a les mains dans les poches. L’évolution va de pair avec les casses. Il ne faut pas avoir peur de ça, il ne faut pas s’en cacher. J’ai l’impression qu’il y a eu, derrière la Route du Rhum, une certaine phobie. Les casses étaient spectaculaires mais elles font partie de notre sport et s’il y a des casses, ça veut dire qu’on est en train de pousser les limites, d’élargir l’état de l’art technique et architectural. C’est le propre de ces bateaux et l’intérêt de ces classes-là.

C’est une année 2019 faste pour vous avec cette victoire et la Fastnet…

Charles Caudrelier : Oui, c’est une très belle année pour le Gitana Team.

F. C. : Et pour nous aussi par la même occasion (rires).

C. C. : Ils en avaient besoin. Nous, on a débarqué (en avril) et on a eu que le meilleur (sourire). Ils ont eu des moments plus difficiles.

Gagner à deux, on imagine que c’est différent. Ça renforce les liens…

C. C. : Ça peut casser les liens aussi !

F. C. : On s’est battus, il a le nez qui saigne (rires).

C. C. : C’est toujours plus sympa de naviguer à deux. Dans les moments difficiles, c’est riche et intéressant. Et on a surtout l’impression de mener le bateau à 100 %, alors qu’en solitaire c’est impossible.

Qu’est-ce qui a pu faire la différence pour vous ?

F. C. : On a eu un gros progrès sur le pilote automatique. En début d’année on se demandait comment on allait aller vite sous pilote automatique.

C. C. : On avait prévu de barrer des heures et des heures et finalement on n’a quasiment jamais barré.

F. C. : Cette évolution nous a permis de faire des moyennes énormes. En début d’année, même un barreur n’arrivait pas à aller aussi vite que ce que faisait le pilote là la nuit. C’était la bonne surprise des trois premiers jours (sourire). On a rajouté des boutons avant de partir, c’était une belle réussite et je pense qu’on a gagné la course un peu là-dessus (rires).

Est-ce qu’on peut dire que ce bateau domine la flotte ?

F. C. : La Fastnet, on n'arrive pas avec 500 milles d’avance. On ne l’a pas gagné par la vitesse. Ça se joue comme toutes les régates, à rien du tout. L’un comme l’autre (Macif) on pouvait gagner… Mais c’est bien que ce soit nous (rires). C’est un bateau qui a été conçu pour voler dès l’origine avec de bons concepts de plans porteurs. Chose que les autres comme Macif n’avaient pas au départ. Ils ont évolué pour s’aligner sur le concept de Gitana et le fait de s’aligner quelques années après, ça permet d’être un peu en retard sur la mise au point de ces systèmes. Mais sur le papier, il n’y a pas de raison que Macif aille moins vite. Ce sont juste des connaissances de réglages et plus on navigue avec, plus on sait l’utiliser.

Avez-vous réussi à voler autant que vous l’espériez ?

C. C. : On a eu des avaries qui nous ont empêchés de voler autant qu’on le voulait, malheureusement.

F. C. : Je pense qu’on a fait 30 % du parcours avec le bateau à 100 % de son potentiel technique. Le reste du temps on avait un problème qui nous empêchait d’aller vite. C’est pareil pour les autres. Je pense qu’on a tous navigué avec un bateau dégradé.

Qu’avez-vous pensé de cette partie du parcours inédite, avec la remontée vers Brest en partant du Cape Town ?

F. C. : Ça nous a paru long ! C’était un des parcours les plus compliqués et dangereux qu’on pouvait faire pour notre classe Ultim (rires).

C. C. : C’était une côte très poissonneuse, on a eu beaucoup de chocs sur le retour. À un moment on a cru qu’on avait touché un caillou tellement le bateau s’est arrêté."

Source : Ouest-France, propos recueillis par Maxime LE LAY.



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